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samedi 4 mai 2024

Une subtile analyse du recueil "Le gaz et autres nouvelles"

 Jalel El Gharbi, Professeur à l’université de La Manouba en Tunisie, poète, traducteur et essayiste, a écrit cette profonde analyse du recueil :


Dans ces nouvelles, Adriana Langer nous introduit dans un monde hanté par des pensées hésitant entre vie et rêve éveillé. Ce sont des « bribes de rêves qui s’effilochent et se désintègrent à peine créés, tels des nuages, écrit-elle ».  Nous ne sommes pas loin de ce que Nathalie Sarraute nomme « tropismes », à ceci près que chez A. Langer les petits riens à la surface de la conscience se liguent pour que le personnage prenne « avec stupeur l’extrême précarité des choses. » Ici, la fiction, dont on devine qu’elle est nourrie de réminiscences autobiographiques, ajointe le vaporeux du rêve, de la semi-conscience et le « rugueux du réel ». La nouvelle dit l’instant où advient cet étourdissement nécessaire pour que l’adhésion à la vie, toujours frêle, reprenne racine nonobstant les inévitables cicatrices du vivre.  Nous sommes dans une perspective où le personnage est comme pris dans un engrenage, tantôt aux allures ludiques, tantôt aux allures infernales, qui met à mal l’être oscillant entre sujet et objet.  Nul besoin de longue diégèse. La nouvelle semble être le genre idoine pour dire la fulgurance de ces bribes de vie et de néant, de ces fragments si épars et pourtant si unis. Ce sont des instantanés pris dans le torrentiel du vécu. Le rêve, la vision, parfois salvatrice, se présentent sous une forme laconique faisant penser à ce que représente le haïku pour la poésie. Et pourtant, il est des motifs qui jalonnent l’œuvre pour en dire l’unité. Ce sont des topoï très divers tels que le milieu médical, les lectures d’antan, la pomme, la figure maternelle, l’image de l’autre ou la fêlure. On peut dire qu’il s’agit le plus souvent de la vie confrontée à sa négation, cela dont l’archétype serait le corps malade opposé au corps désirable. Le tout ne faisant qu’un. Toute l’œuvre d’A. Langer tient dans cette parenté entre le tout, d’essence ontologique, et le rien du vécu.

Jalel El Gharbi, 2024