Un excellent article de Bertrand du Chambon à propos du nouveau recueil de nouvelles d'Adriana Langer, Errances et autres nouvelles :
Informations et échanges à propos du roman et des recueils de nouvelles d'Adriana Langer : "Le gaz et autres nouvelles", aux éditions David Reinharc. "Errances et autres nouvelles", aux éditions Valensin David Reinharc. "Aude", aux éditions Valensin David Reinharc. "Oui et non", aux éditions Valensin David Reinharc. "Ne respirez pas", aux éditions La Providence.
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jeudi 30 juin 2022
dimanche 19 juin 2022
Errances et autres nouvelles, le nouveau recueil d'Adriana Langer
Adriana Langer publie aux éditions David Reinharc un nouveau recueil de nouvelles, Errances et autres nouvelles.
Quatrième de couverture
On dit : l’amour rend aveugle, et quand
il disparaît on voit la réalité. En fait, la cécité existe au début, pendant,
après. L’épreuve des photos avait été instructive : le regard qui, posé
sur nous-mêmes, croit se souvenir et nous juge a posteriori, se trompe tout
autant lorsqu’il se penche sur telle ou telle relation du passé. Après l’amour,
on déforme au moins autant qu’au début. On enterre sous de nouvelles idoles les
anciennes divinités, exactement comme le faisaient les religions lorsqu’elles
construisaient, au-dessus d’une église vaincue par les armes une mosquée, puis
à nouveau une église, ou inversement. En nous les amours – comme à
Cordoue, lorsqu’on marche dans un dédale de piliers hétéroclites – se croisent,
se toisent, et finissent par s’entremêler en un espace unique et étrange.
Dans son
nouveau recueil de nouvelles, Adriana Langer se confronte aux multiples
facettes de nos vies, reflets de l’exceptionnel ou du quotidien, éclats de
joies ou de peines, de rencontres et d'adieux, et de l’art qui nous émeut, nous
soutient. Elle déploie pour cela toutes les nuances de sa palette,
sensible, lucide, délicate et précise.
Le mot de l’auteur
J’aime
la nouvelle pour sa hardiesse - elle se moque de construire intrigues,
événements, rapports sociaux - et son instantanéité. Elle est une bulle,
pleine, seule, éphémère. Chacune a son caractère. Peu importe la brièveté de
leurs vies. Elles naissent souvent d’une impulsion unique, une impression, un
rêve parfois, ou d’une image ; elles peuvent sans fioritures, tel un plongeur
au corps tendu qui brise la surface des eaux, viser les profondeurs, plus
proches en cela du haïku que du roman.
Dans
ce recueil j’ai groupé des nouvelles dont les thématiques principales sont
l’amour, l’amitié, la littérature, l’identité. Le rêve y tient aussi une part
importante.
Synopsis du recueil
16 nouvelles, 170 pages.
Naissances
« Un récit, une sonate, un poème, une toile sont venus
féconder en moi quelque cellule intime et qu’une joie intense et subtile est
ainsi née, courant souterrain lui-même parfois source de rivières, de mers,
d’océans ; naissances qui peuvent avoir lieu même confiné, même alité, même
immobile. »
Haïkus
Quelques notes griffonnées en marge d’un recueil de haïkus
et voici que se développe une rencontre rêvée entre un lecteur et une
précédente lectrice.
« Que faire quand le livre sera fini ? Comment la
retrouver ? Il ralentit sa lecture, il ne veut pas finir ce dialogue étrange et
qui déjà hante ses rêves. Il aimerait tant la rencontrer ! »
Insomnie
« Un miaulement aigu, désagréable, la réveille. Elle
essaie de l’ignorer, de se rendormir, change de position, glisse l’oreiller au-dessus
de sa tête. Inutile, elle l’entend toujours. »
Coup d’éclat
Sofia observe une inconnue, dans un wagon de métro.
« Ce bref échange de paroles semble avoir entrebâillé
la porte d’une pièce secrète, par où s’échappe un délicieux arôme et la chaleur
d’un feu crépitant, qui vient rosir ses traits. »
Le vol
Un rêve au cours d’un voyage en avion, et les souvenirs
affluent.
« Soudain, parmi le feuillage d’un érable, apparut
Sébastien. Il était là, à quelques pas d’elle, avec cette ébauche de sourire
qui dès le premier instant l’avait ensorcelée, ses cheveux blonds flottant
autour de son visage asymétrique, ses paupières mi-closes, tel un voile qui
abrite l’antre troublant des prunelles. »
Profiter de sa
jeunesse
Mais quel est le trésor le plus précieux de la jeunesse ?
Comme ce pain
chaud, doré
Deux amies se retrouvent, année après année, dans un salon
de thé, tandis que leurs vies tracent des arabesques.
« L’allaitement est une source répétée
d’émerveillement, dont chaque étape attendrit la mère : le sein vers lequel se
tourne, encore endormie, la bouche du bébé, les lèvres répétant en rêve des
mouvements de succion, le gémissement de l’enfant qui se réveille affamé ; puis
le liquide tiède, pur, lactescent qui jaillit du mamelon et – avec la beauté
formelle d’une équation parfaite - apaise immédiatement le bébé ; son
endormissement bienheureux enfin, les lèvres cerclées de blanc, tel un Bouddha
irrésistible que la lune elle-même aurait embrassé. »
Un oubli ?
Une amitié, vraiment ?
« Telle une partie de cartes où l’on hésiterait entre
perdre et gagner, plane sur les paroles des deux une curiosité teintée d’envie
et de regret – incroyablement stable depuis des dizaines d’années ! - pour la
vie si différente de l’autre, une vie que l’on n’a pas eue, que l’on ne pouvait
avoir. »
Évocations
« Anton Tchekhov rentre chez lui. Sa journée de travail
a été longue. »
Une expérience
« Une intervention chirurgicale fut pratiquée sur un
chat nouveau-né de sexe mâle, consistant à rendre son aspect aussi proche que
possible de celui d’un chien. »
L’acrobate
Un acrobate a disparu.
L’album
« Ils posent, devant les rangées de parents et d’amis,
fiers et heureux mais presque craintifs d’une telle luminosité, presque honteux
de tant de bonheur ; eux qui connaissent, ou croient connaître, les nombreuses
ombres inhérentes à la vie ; eux qui ont appris, ou cru apprendre, à ne pas
être dupes. »
Une fête
Écrire en rêve, rêver d’écrire, décrire un rêve.
« Ce rêve qui vit en moi si fortement est déjà en train
de s’enfuir, j’essaie de me souvenir d’un paragraphe : les phrases, par pans
entiers, disparaissent, les images m’échappent, les métaphores (un arbre penché
tel… impossible, et pourtant c’était si doux, si beau !) s’évaporent ;
l’atmosphère, tel un nuage que le vent déchiquette, ne laisse bientôt plus
qu’une infime blancheur de poussière. »
Un baiser
Fin de promenade, dimanche soir, pour Arthur, et déjà, demain,
l’école.
« Le ciel, en cette fin d’après-midi, devant ce
rosissement qui se fane – tendre vie qui se retire insensiblement, telle une
marée descendante abandonnant dunes, sable, galets – paraît se languir et
hésiter à vêtir son deuil journalier. »
Terminus
« Ce plus jamais
qu’aucun sentiment de regret ni de séparation ne peut ici justifier ; la
perception nue, épurée de toute implication personnelle ou affective, du temps
qui passe irrémédiablement, définitivement, et qui ne reviendra pas. »
Errances
« J’avais à déterminer, non comme à quinze ans quelle
serait l’orientation globale de ma vie, mais la coloration que je voulais
donner à la dernière partie de celle-ci, son dernier chapitre, son dernier
arrêt.»
« Parmi les nombreuses étoiles, soudain une étoile filante. Aussitôt apparue que disparue. Poursuivant une course solitaire et lointaine dont le but nous est à jamais inconnu, minuscule à nos yeux alors qu’elle est immense, elle illumine, fulgurante et fugace, la longue nuit noire. Nous l’apercevons, un instant, et ne pouvons ni la retenir ni la figer. Mais nous pouvons l’admirer. »